Officiellement, il s’agissait du premier nom de domaine mis aux enchères publiques offline en France. Une nouvelle si insolite qu’elle avait même été reprise par le Journal Du Net, certes réputé parmi les moins avares en matière de publication d’articles sur le thème des noms de domaine.
Fin mot de l’histoire, brico.fr a bien été adjugé le 15 décembre dernier à Saint-Etienne. Ceux qui surveillaient le whois depuis cette date ont bien du s’en douter, mais rien n’avait jusque là vraiment transpiré sur les détails de la transaction et l’identité de l’acheteur.
C’est en prenant mon café ce matin que je suis tombé sur un communiqué de presse publié sur le site brico.fr. Je me suis alors dit qu’il pourrait être sympathique de contacter M. Petitjean pour recueillir quelques mots de sa part sur le rachat du nom de domaine et sur ses projets. Il a gentiment accepté l’invitation est c’est avec plaisir que je viens vous faire partager cette interview exclusive et des plus intéressantes !
Tout d’abord, félicitations pour l’acquisition de brico.fr et merci d’avoir accepté cette interview ! On imagine que ce nom de domaine a fait un beau cadeau sous le sapin de Noël. Avec le recul, quel premier bilan tirez-vous de cette acquisition ?
Oui, c’est un très beau cadeau ! Mais c’est surtout un soulagement, puisque nous étions sur l’affaire depuis quelques mois maintenant. En juillet, nous avions appris que la société BRICO.FR était en liquidation judiciaire. Nous avons donc rapidement contacté le mandataire en charge de la cession des actifs de l’entreprise, mais les démarches se sont étalées jusqu’à la vente aux enchères en décembre dernier.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous. Quel est le cœur de métier de votre société ?
La société Petitjean SAS a été créée par mon arrière-grand-père en 1925. Son siège social est basé dans les Vosges à Saint-Amé (88120). A cette époque, nous étions évidemment loins de nous soucier d’Internet ! Le métier de mon grand-père était la vente de matériel agricole. La société a su évoluer au fil du temps, en se diversifiant. Ainsi, l’arrivée de mon grand-père dans la société a permis le démarrage d’une activité de vente et réparation de cycles mais également de tondeuses et plus généralement tout ce qui touche à l’espace vert. L’arrivée de mon père a permis d’agrandir davantage la société en introduisant le bricolage (2 magasins d’une surface de 1 500 m² éloignés de 80 km), ce qui a permis d’amener les effectifs de la société à 35 salariés. Pour ma part, j’arrive petit à petit dans la société et y développe notamment l’activité internet. Il est donc tout à fait normal pour la société de se lancer dans cette nouvelle activité avec un nom de domaine de qualité. C’est un véritable plus.
On ne peut pas dire qu’une grande promotion ait été faite au sujet de la mise aux enchères du nom par le commissaire priseur en charge de la revente de cet actif. Comment avez-vous appris que le nom de domaine brico.fr allait faire l’objet enchères publiques ?
Nous étions intéressés par ce nom de domaine depuis un moment déjà. J’ai auparavant travaillé pour la société qui gère auto.fr (souvenez-vous, auto.fr avait été racheté sur Sedo il y a quelques années pour 100 000 euros). Je connais donc tout à fait les avantages d’un tel nom de domaine. Pour nous, le peu de communication qui a été fait sur ces enchères a été un véritable avantage, sans doute au détriment du commissaire priseur. Mais cela montre aussi qu’il y a un véritable rapprochement entre le monde virtuel et le monde réel : désormais, des biens virtuels sont vendus aux enchères publiques, et je trouve que c’est une très bonne nouvelle.
Avez-vous été surpris et/ou inquiet que le dossier ait été repris par la presse généraliste ?
Oui ! Pour ma part cette vente aux enchères me paraissait « banale ». Cette surprise a été également été source de stress ! Allions-nous réussir à acquérir le nom de domaine pour le prix que nous nous étions fixés ?
Vous-êtes vous déplacé sur Saint-Etienne pour participer aux enchères en personne ?
Oui, c’est mon père, Président de la société, qui s’y est rendu.
Comment se sont déroulées les enchères ? Y avait-il foule ?
Il y avait quelques personnes dans la salle, mais ce n’était pas non plus l’euphorie. Pour une vente si spécifique, il n’est pas si surprenant qu’il n’y ait pas eu des centaines d’intéressés sur le coup. Par contre, sur une place de marché virtuelle, je pense que l’effet aurait été inverse.
Peut-on connaître le prix d’achat du nom de domaine (on parle d’un montant à 5 chiffres, la rumeur est-elle loin du compte ?)
Je confirme le montant à 5 chiffres, en l’occurrence un peu plus de 12 000 €. Le prix de départ annoncé sur internet (20 000€) n’a généré aucune « pré-enchère ». Les enchères ont donc démarré beaucoup plus bas (mise à prix)
Le nom de domaine affiche un ranking de 1,3M sur Alexa, ce qui laisse présager un trafic naturel assez conséquent. Combien de visites/mois brico.fr génère-t-il « à nu » ?
Le site reçoit environ 1 500 visiteurs à l’heure actuelle sans que nous n’ayons encore lancé la machine. Le trafic sera bien entendu encore plus conséquent lorsque le site sera lancé !
Est-ce votre première expérience en matière de rachat de nom de domaine ?
En tant que rachat sous cette forme oui. Nous avions toutefois racheté loccasion.com il y a 3 ans pour 2 000 €.
Pourquoi avoir choisi le nom de domaine brico.fr pour votre projet, et pas un autre ?
Comme je le disais plus haut : ayant travaillé pour la société qui détient auto.fr, j’ai pu constater les bénéfices associés à l’acquisition et à l’exploitation d’un tel nom de domaine, si celui-ci est bien utilisé. Il peut être facilement mémorisé par les internautes, la construction d’une image de marque est également plus facile. Mais il faut savoir qu’il y a un autre avantage qui est tout aussi intéressant : on peut espérer nouer des partenariats solides plus facilement (crédibilité)
Justement, parlez-nous un peu de vos projets pour brico.fr !
Tout naturellement, brico.fr est appelé à héberger un site communautaire dédié au bricolage; avec un forum, des articles rédigés par les collaborateurs de la société, des informations, des explications sur les nombreux produits que l’on trouve dans les magasins de bricolage. Le but n’est pas de se restreindre à une audience vosgienne, mais plutôt d’arriver à un niveau similaire au site LeroyMerlin.fr.
Damien, je vous remercie encore d’avoir pris le temps de répondre à ces questions et bonne continuation !